понедельник, 12 марта 2012 г.

L'intervention therapeutique aupres d'enfants amerindiens victimes d'agression sexuelle

ALEXANDRE J. S. MORIN Universit� de Sherbrooke

JASMINE JONCAS Universit� de Montr�al

Alors qu'aux �tats-Unis, de 19 � 28% des femmes et 8,6 � 16% des hommes de la population g�n�rale ont �t� victimes d'agression sexuelle dans leur enfance (Wolfe, 1990), ces taux peuvent atteindre jusqu'� 33% des femmes et 16% des hommes chez les Canadiens (Tourigny, 1991 dans Tourigny, 1997). Si ces taux sont alarmants, le ph�nom�ne prend encore plus d'ampleur lorsque l'on sait que, dans certaines communaut�s am�rindiennes du Canada, la proportion d'enfants victimes d'agression sexuelle peut atteindre jusqu'� 80% chez les filles et 50% chez les gar�ons (Nechi Institute, The Four World Development Project, The Native Training Institute, & New Direction Training - Alkali Lake, 1988). Telles qu'identifi�es par Browne et ses collaborateurs (Browne & Finkelhor, 1986; Finkelhor, 1990; Kendall-Tackett, Williams & Finkelhor, 1993), les cons�quences possibles � court et � long terme chez les enfants victimes d'agression sexuelle sont nombreuses et d�vastatrices: (a) anxi�t� et culpabilit�; (b) syndrome de stress post-traumatique; (c) d�pression, vision n�gative de soi et tentatives de suicide; (d) probl�mes de sommeil et troubles alimentaires; (e) d�linquance, abus de substances et probl�mes scolaires; (f) col�re et hostilit� envers les parents et le monde en g�n�ral; (g) comportements sexuels inappropri�s, probl�mes sexuels et prostitution; (h) difficult� � faire confiance aux autres; (i) risque d'�tre � nouveau victimis� et/ou d'avoir des enfants qui seront eux-m�mes agress�s.

Si certaines approches efficaces de th�rapie existent pour r�pondre aux besoins de ces enfants, les Premi�res Nations semblent avoir �t� laiss�es de c�t� par une grande partie de la communaut� scientifique. Or, certaines caract�ristiques propres � la culture et � l'histoire de ces peuples ont pour effet d'y rendre difficile l'intervention, surtout si elle est effectu�e par un individu issu de la population g�n�rale peu familiaris� avec cette culture. Comme peu d'Am�rindiens poss�dent la formation requise (Hogan & Barlow, 2000; Topper, 1992; Willis, Dobrec & Bigfoot Sipes, 1992) pour ce type d'intervention, le besoin de d�velopper et d'�valuer des modalit�s d'interventions culturellement appropri�es est pressant.

C'est dans le but d'appuyer les intervenants occidentaux amen�s � oeuvrer aupr�s des peuples des Premi�res Nations et de guider la r�alisation d'�tudes ult�rieures que cet article a �t� pr�par�. Dans un premier temps, nous d�crirons bri�vement les mod�les th�oriques et les processus d'intervention s'�tant av�r�s efficaces aupr�s des enfants de la population nord-am�ricaine. Par la suite, nous dresserons un portrait de la pr�valence, des cons�quences et des explications historiques et culturelles possibles du ph�nom�ne de l'agression sexuelle dans les populations am�rindiennes. Finalement, nous �mettrons certaines recommandations visant � am�liorer la sensibilit� culturelle des interventions effectu�es aupr�s des enfants am�rindiens victimes d'agression sexuelle.

Tout au long de ce texte, nous nous centrerons principalement sur les cas d'abus sexuels survenus � l'int�rieur d'une m�me famille. Il est toutefois important de souligner que la d�finition du terme <<famille>>, pour les peuples des Premi�res Nations, ne fait pas r�f�rence au concept occidental de famille nucl�aire, mais plut�t � celui de famille �largie (Carter & Parker, 1991; Everett, Proctor & Cartmell, 1983; Heilbron & Guttman, 2000; Topper, 1992).

Les mod�les th�oriques et d'intervention �labor�s pour la population occidentale

Les mod�les explicatifs

Initialement, les cons�quences n�fastes d�coulant de l'agression sexuelle �taient conceptualis�es comme un syndrome de stress post-traumatique (American Psychology Association, 1994) d�coulant de l'exposition � un contact sexuel forc�. Certains constats ont cependant amen� les chercheurs � se questionner sur ce sujet (Finkelhor, 1990): (a) pr�s de 66% des victimes d'agression sexuelle ne r�pondent pas aux crit�res diagnostics du syndrome de stress post-traumatique; (b) chez l'enfant, une situation d'agression sexuelle intrafamiliale est davantage caract�ris�e par un abus de confiance ou de pouvoir et par la simple ignorance de son caract�re inad�quat que par le danger. De surcro�t, le fait que pr�s du tiers des enfants victimes ne semblent pr�senter aucun probl�me notable d'adaptation (Finkelhor, 1990), sugg�re que les cons�quences de l'agression sexuelle d�coulent de causes multifactorielles plut�t que d'un �v�nement particulier. Sur cette base, plusieurs mod�les th�oriques, qui seront r�sum�s ci-dessous, ont �t� propos�s pour expliquer l'apparition de ces cons�quences (Finkelhor & Browne, 1985; McCarthy, 1986; Spaccarelli, 1994; Wolfe, 1999), de m�me que pour guider l'�valuation d'un enfant r�f�r� � la suite d'une agression sexuelle.

Les premi�res �tapes du d�veloppement d'un enfant prennent place � l'int�rieur de son microsyst�me familial. Ainsi, c'est en transaction constante avec les diff�rentes figures d'attachement de ce syst�me que l'enfant pourra combler ses principaux besoins d�veloppementaux et qu'il fera l'acquisition des habilet�s relationnelles et �motionnelles n�cessaires � son d�veloppement ult�rieur. Lorsque l'agression sexuelle d'un enfant prend place � l'int�rieur de ce syst�me, ce dernier se trouve confront� � un ensemble de paradoxes susceptibles de compromettre son d�veloppement: (a) il aime l'attention que l'agresseur lui porte, mais se sent mal � l'aise face aux r�actions physiologiques que l'acte sexuel d�clenche chez lui; (b) il ne peut mettre fin � la situation seul, mais il est bl�m� lorsqu'il va chercher de l'aide aupr�s de personnes en qui il devrait avoir confiance; (c) il devrait aimer un parent qui lui fait du mal; (d) il n'a aucune ma�trise de la situation, mais c'est � lui que l'agresseur reproche son attirance sexuelle. Incapable de comprendre ces paradoxes sur les plans cognitif et �motionnel, l'enfant pourra d�velopper un sentiment de culpabilit�, d'indignit� et de honte, aura l'impression d'avoir �t� trahi, d'�tre anormal et diff�rent, apprendra � utiliser sa sexualit� pour obtenir des faveurs ou de l'attention et d�veloppera une image confuse de ses fronti�res personnelles.

En outre, les familles abusives sont souvent caract�ris�es par d'autres probl�mes susceptibles d'affecter le d�veloppement de l'enfant, tels l'alcoolisme parental, l'isolement social, le conflit conjugal ou la pauvret� (Wolfe, 1999). Ces caract�ristiques ont amen� certains auteurs � qualifier ces familles de syst�mes ferm�s (Levitt, Owen & Truchness, 1991). Watzlawick (1988; Watzlawick, Weakland & Fish, 1975) d�finit un syst�me familial ferm� comme un ensemble d'individus interd�pendants, gouvern�s par des r�gles implicites visant � maintenir l'�quilibre du syst�me. Dans une famille probl�matique, c'est souvent l'enfant qui occupe la position de pierre angulaire visant � maintenir la stabilit� du syst�me. Pour cette raison, l'enfant agress� sexuellement est souvent aux prises avec d'�normes pressions l'emp�chant de mettre fin � la situation: s'il d�voile l'incident, il pourra ne pas �tre cru, bl�m� pour la situation ou invit� � garder le silence sous peine de <<briser la famille>>. Il apprendra alors que ses d�sirs n'ont aucune valeur et en viendra � se sentir stigmatis� dans son r�le de victime. Heureusement, ces cons�quences ne sont pas in�vitables puisque l'enfant qui est cru et soutenu lors du d�voilement de la situation, celui qui d�cide d'affronter la situation plut�t que de s'y r�signer, celui qui peut compter sur un r�seau de soutien significatif et celui qui est en mesure (seul ou non) de s'expliquer la situation et de se d�faire de sa culpabilit� a beaucoup plus de chances de s'en sortir, et ce sans trop de s�quelles.

Un mod�le d'intervention syst�mique familial

Bien que peu de mod�les d'interventions destin�s aux enfants agress�s sexuellement aient �t� �valu�s ad�quatement, ceux qui l'ont �t� semblent indiquer la sup�riorit� du recours � des techniques cognitives et comportementales et l'importance de faire intervenir les parents (du moins s'ils ne sont pas impliqu�s dans l'agression) dans la th�rapie (Berliner, 1997; Celano, Hazzard, Webb & McCall, 1996; Cohen & Mannarino, 1993, 1996, 1997; Dawson, 1984; Farrell, Hains & Davies, 1998; Finkelhor & Berliner, 1995; Jones, 1986; Tourigny, 1997; Wolfe, 1990).

Avant d'amorcer toute intervention, il est primordial de s'assurer que la s�curit� de l'enfant n'est pas compromise. En termes de s�curit�, trois �l�ments de base doivent �tre consid�r�s: (a) les besoins fondamentaux de l'enfant (manger, dormir, etc.) doivent �tre ad�quatement combl�s; (b) l'enfant ne doit pr�senter aucun risque suicidaire ou comportement autodestructeur; (c) l'environnement dans lequel l'enfant �volue doit �tre s�curitaire ou des m�canismes de protection efficaces doivent avoir �t� mis en place (Herman, 1992; Lebowitz, Harvey & Herman, 1993). S'il y a lieu, l'enfant doit aussi �tre pr�par� � t�moigner en cour de fa�on � ce que cette exp�rience soit la moins traumatisante possible pour celui-ci(1).

D�s que la s�curit� de l'enfant est assur�e, il est n�cessaire d'effectuer une �valuation compl�te de celui-ci et de son (ses) parent(s). Lors d'une telle �valuation, Wolfe (1990) souligne l'importance de coordonner les efforts des diff�rents intervenants impliqu�s dans le dossier de l'enfant (c.-�-d., experts, travailleurs sociaux, avocats, th�rapeutes, etc.) pour �viter que ce dernier n'ait � r�p�ter des �l�ments susceptibles de l'affecter n�gativement (c.-�-d., description de l'agression). Une telle �valuation devrait aussi couvrir l'ensemble des probl�mes manifest�s par l'enfant et par ses parents, leurs besoins et leurs forces, de m�me que les caract�ristiques du contexte dans lequel l'agression s'est d�roul�e.

� notre connaissance, les auteurs ayant propos� des mod�les d'intervention efficaces pour les enfants victimes d'agressions sexuelles s'entendent quant � la n�cessit� de recourir � un mode de th�rapie par modules, sp�cifiques aux caract�ristiques propres des enfants et des parents rencontr�s (Berliner, 1997; Celano et al., 1996; Cohen & Mannarino, 1993, 1996, 1997; Dawson, 1984; Farrell et al., 1998; Jones, 1986; Leifer, Shapiro & Kassem, 1993; Wolfe, 1990). Le choix des aspects sp�cifiques � aborder lors d'une intervention et l'ordre dans lesquels ils sont abord�s doit reposer sur l'�valuation compl�te des forces, des faiblesses, des probl�mes et des besoins des clients. Les diff�rents modules propos�s seront maintenant bri�vement d�crits.

Le volet <<enfant>>

L'expression des �motions associ�es � l'agression et l'acceptation de celle-ci. Pour permettre � un enfant d'exprimer ce qu'il ressent suite � une agression sexuelle, diverses techniques ont �t� sugg�r�es (Celano et al., 1996; Cohen & Mannarino, 1993; Coulson, Wallis & Clark, 1994; Farrell et al., 1998; Jones, 1986; Sheinberg, True & Fraenkel, 1994; Wolfe, 1990). Ainsi, l'enfant peut s'exprimer par le dessin, par des jeux de poup�es ou par la r�daction d'une histoire. Dans tous les cas, il est essentiel d'�couter le message de l'enfant et de valider ses �motions parfois conflictuelles.

Les peurs et l'anxi�t� r�sultantes. D'une mani�re g�n�rale, les techniques sugg�r�es pour intervenir sur ce plan sont l'exposition, la d�sensibilisation syst�matique ou l'inoculation au stress. Un programme d'inoculation au stress d�velopp� sp�cifiquement pour les enfants a d'ailleurs �t� �valu� par Farrell et al. (1998) et s'est av�r� efficace. Un ensemble de suggestions ont �t� formul�es afin de rendre ce type d'intervention appropri� au niveau de d�veloppement cognitif des enfants. Ainsi, quelques auteurs indiquent que l'apprentissage par les enfants des techniques de gestion du stress enseign�es peut �tre favoris� par l'utilisation de jeux de r�les classiques ou r�alis�s par l'interm�diaire de poup�es (Cohen & Mannarino, 1993; Farrell et al., 1998). De m�me, le renforcement (p. ex., collants) peut �tre n�cessaire pour s'assurer que l'enfant compl�tera ses <<devoirs>> (Celano et al., 1996; Farrell et al., 1998). De plus, comme les techniques classiques d'exposition ne sont pas toujours appropri�es aux enfants, certains ont sugg�r� de les amener � dessiner ou � mimer ce qui les effraie ou � tenir un journal personnel � ce sujet (Cohen & Mannarino, 1993). Cohen et Mannarino (1993) indiquent aussi que l'utilisation d'une technique d'arr�t de pens�e peut s'av�rer utile pour les enfants plus jeunes. Enfin, pour �viter que l'enfant n'associe le caract�re confidentiel de la session th�rapeutique au secret de son agression sexuelle, Jones (1986) sugg�re, au cours des premi�res s�ances, de laisser ouverte la porte du bureau ou de permettre � l'enfant d'�tre accompagn� par un adulte en qui il a confiance.

La culpabilit�, l'estime de soi, le sentiment d'avoir �t� exploit� et abandonn� et l'impression d'avoir �t� trahi. D'une mani�re g�n�rale, la technique th�rapeutique la plus recommand�e pour intervenir sur ce type de cons�quences est la restructuration cognitive. Cependant, compte tenu du niveau de d�veloppement cognitif des jeunes enfants, certaines strat�gies ont �t� sugg�r�es pour maximiser les effets de cette technique, tel le recours � des jeux de r�les ou histoires � compl�ter (Celano et al., 1996; Coulson et al., 1994; Farrell et al., 1998; Sheinberg et al., 1994). Celano et al. (1996) sugg�rent aussi l'utilisation de chansons contenant des affirmations positives. Plus sp�cifiquement, pour restructurer la culpabilit� de l'enfant, Cohen et Mannarino (1993) sugg�rent de travailler � partir d'images repr�sentant diff�rentes situations interpersonnelles en demandant � l'enfant d'identifier le responsable de la situation. De m�me, Celano et al. (1996) sugg�rent de r�diger avec l'enfant une lettre � l'agresseur, dans laquelle il est encourag� � exprimer son impression d'avoir �t� trahi. Outre la restructuration cognitive, l'implication de l'enfant dans une activit� artistique valorisante et le renforcement de ses efforts ont �t� sugg�r�s pour favoriser le r�tablissement de son estime de soi (Celano et al., 1996; Wolfe, 1990). Enfin, Jones (1986) souligne qu'il est essentiel d'aviser l'enfant au moins six semaines avant la fin de la th�rapie, pour �viter qu'il se sente de nouveau trahi et abandonn�.

La vision r�sultante de la sexualit�. � la suite d'une agression, l'enfant peut d�velopper une vision n�gative de la sexualit�, une crainte d'avoir �t� physiquement endommag�, une culpabilit� face aux sensations que le contact sexuel a �veill� chez lui et une s�rie de comportements sexuels inappropri�s. Pour cette raison, il est important de fournir � l'enfant une �ducation sexuelle appropri�e � son �ge (Dawson, 1984). L'intervenant devrait alors enseigner � l'enfant que les sensations plaisantes sont une r�action normale et non d�go�tante au toucher sexuel (Jones, 1986), l'aider � distinguer les comportements sexuels appropri�s pour un adulte et pour un enfant (Celano et al., 1996; Cohen & Mannarino, 1996) et s'assurer qu'il distingue bien la sexualit� <<normale>> de son exp�rience de victimisation (Celano et al., 1996). De m�me, l'utilisation d'images <<sexuelles>> est recommand�e pour apprendre � l'enfant � distinguer un toucher affectif appropri� d'un toucher sexuel inappropri� (Celano et al., 1996; Cohen & Mannarino, 1993; Jones, 1986). Enfin, la technique la plus efficace pour �liminer les comportements sexuels inappropri�s de l'enfant reste l'enseignement aux parents des techniques de renforcement contingent (Cohen & Mannarino, 1996).

L'impuissance, l'affirmation de soi et la vuln�rabilit�. Afin d'�viter que l'enfant ne soit de nouveau agress� sexuellement, cette �tape du traitement est primordiale. Pour cette raison, certains auteurs ont insist� sur l'importance d'enseigner � l'enfant, par l'interm�diaire de jeux de r�les ou de vid�os �ducatifs, des habilet�s d'affirmation de soi ad�quates (Celano et al., 1996; Cohen & Mannarino, 1993; Friedrich, Luecke, Beilke & Place, 1992). Il est important ici de d�montrer � l'enfant qu'il a le droit de dire non et de lui enseigner qu'il existe des ressources � sa disposition si la situation venait � se reproduire (Cohen & Mannarino, 1993). L'utilisation d'images permettant d'enseigner � l'enfant � reconna�tre des situations pr�sentant un danger potentiel est aussi recommand�e (Cohen et Mannarino, 1993). Enfin, pour d�montrer � l'enfant qu'il peut exercer un contr�le sur sa vie, Jones (1986) sugg�re de lui permettre d'exercer un certain contr�le sur le contenu des s�ances th�rapeutiques.

L'ambivalence � l'�gard de l'agresseur. Si peu d'interventions sp�cifiques ont �t� �labor�es � ce sujet, il demeure clair qu'il est essentiel de valider les �motions conflictuelles que l'enfant �prouve face � l'agresseur et de lui indiquer que cette ambivalence est normale (Cohen & Mannarino, 1996). Giaretto (1982) mentionne qu'il peut aussi s'av�rer utile de demander � l'agresseur de r�diger une lettre dans laquelle il assume l'enti�re responsabilit� des ses actes.

Enfin, avant de conclure � l'efficacit� de la th�rapie, il doit �tre possible de d�montrer que la victime ait pu franchir certaines �tapes cruciales (Harvey, 1996; Herman, 1992; Lebowitz et al., 1993): (a) la victime doit pouvoir exercer un contr�le sur son processus de rappel des �v�nements traumatisants de fa�on � ce que ses trous de m�moire soient combl�s et qu'elle ne souffre plus d'intrusions ind�sirables; (b) la victime doit pouvoir int�grer ses souvenirs et �motions associ�es aux �v�nements traumatisants afin de comprendre que ses �motions n�gatives sont intimement li�es � l'agression sexuelle; (c) la victime doit d�velopper une tol�rance � l'affect (c.-�-d., �tre capable de vivre des �motions d'une intensit� <<normale>>); (d) les sympt�mes manifest�s par la victime doivent �tre �limin�s ou contr�l�s; (e) l'estime de soi et le sens de coh�rence interne (c.-�-d., int�grit� psychologique) de la victime doivent avoir �t� reconstruits; (f) la victime doit de nouveau avoir la capacit� de d�velopper des relations d'attachement saines; (g) la victime doit pouvoir accorder une signification � son exp�rience traumatisante qui soit coh�rente avec son sens de soi.

Le volet <<parent non agresseur>>

La cr�dibilit� de l'enfant et les attributions de bl�me. Comme plusieurs parents doutent de la cr�dibilit� de leur enfant ou le croient responsable des �v�nements, il est important d'intervenir sur ce plan. � cette fin, il est possible d'utiliser des techniques d'�ducation, de restructuration cognitive et m�me de confrontation, de fa�on � amener le parent � croire son enfant et � d�placer le bl�me vers l'agresseur.

L'ambivalence face � l'agresseur. Comme de nombreux parents �prouvent des sentiments ambivalents face � l'agresseur lorsque celui fait partie de la famille (c.-�-d., col�re, attachement, etc.), il est essentiel d'aborder cet aspect en th�rapie. Favoriser l'expression de la col�re ressentie face � l'agresseur et enseigner des strat�gies pour g�rer celle-ci permettra d'�viter qu'elle n'ait un impact n�gatif sur l'enfant. De m�me, lorsque l'�motion dominante est la peur, il est important de rappeler au parent l'existence d'organismes de protection. Enfin, si l'�motion dominante est l'attachement face � l'agresseur, il est primordial d'emmener le parent � se positionner (c.-�-d., aider l'enfant ou l'agresseur). La restructuration cognitive et la confrontation peuvent alors �tre utiles.

La peur de cons�quences n�gatives pour l'enfant et la pr�vention d'une agression ult�rieure. Lorsque les parents ont peur que leur enfant n'ait �t� endommag� physiquement ou psychologiquement par l'agression sexuelle, il est important de leur fournir une information r�aliste quant aux cons�quences possibles de cette exp�rience. De plus, comme il est fr�quent que les parents se sentent coupables de n'avoir pu emp�cher l'agression sexuelle et craignent de ne pouvoir agir si la situation se repr�sente, il est sugg�r� de d�velopper leur capacit� d'affirmation de soi et de leur sugg�rer de participer � un programme de pr�vention de l'agression (pour une description de ces programmes, voir Wolfe, 1990, 1999).

La gestion des comportements probl�matiques de l'enfant. Il peut s'av�rer utile d'enseigner aux parents diverses techniques de gestion de comportements probl�matiques, tel le renforcement contingent (c.-�-d., ignorer les comportements inad�quats et r�compenser les comportements ad�quats). En effet, de nombreux parents se sentent incapables de faire face aux comportements sexuels inad�quats et aux conduites opposantes de leurs enfants. Cohen et Mannarino (1993) sugg�rent aussi d'enseigner aux parents diff�rentes techniques de gestion du stress (relaxation, imagerie, arr�t de pens�e) de fa�on � ce qu'ils puissent aider leurs enfants � pratiquer ces apprentissages th�rapeutiques.

Le soutien �motionnel fourni � l'enfant. Comme le soutien �motionnel fourni � l'enfant par les parents est une variable importante dans la d�termination de l'adaptation des enfants victimes d'agression sexuelle, il faut s'assurer que les parents sachent de quelle fa�on ils peuvent fournir un tel appui. � ce sujet, le recours � des techniques de modelage, de jeux de r�les et d'�ducation est sugg�r�.

La pr�sence d'ant�c�dents d'agression sexuelle chez le parent. �tant donn� que l'agression d'un enfant peut �veiller chez un parent, ayant lui-m�me �t� agress� dans le pass�, un ensemble de souvenirs probl�matiques et de questionnements susceptibles d'amplifier leur r�action normale � la d�nonciation de l'agression, il est imp�ratif d'aborder cet aspect en th�rapie. Le point central de cette intervention �tant, bien entendu, de s'assurer que la victimisation ant�rieure du parent ne nuira pas � sa relation avec l'enfant.

Pour tout autre probl�me personnel susceptible de nuire au d�veloppement de l'enfant (d�pression, alcoolisme, etc.), le parent devrait �tre r�f�r� � une ressource appropri�e. L'objectif du traitement �tant d'appuyer l'enfant, il est important qu'un parent pr�sentant lui-m�me des probl�mes personnels s�rieux comprenne qu'il a aussi le droit de prendre du temps pour lui.

Autres modalit�s d'intervention

L'utilit� potentielle d'une th�rapie de groupe ou d'un programme multimodal d'intervention, tant pour les parents que pour les enfants, a �t� soulign�e par certains auteurs (Delson & Clark, 1981; Friedrich et al., 1992; Giaretto, 1982; Sheinberg et al., 1994; Woodworth, 1991; Wolfe, 1990). Les b�n�fices de ces autres formes de th�rapies se situerait sur les plans suivants: (a) elles permettent aux enfants de r�aliser qu'ils ne sont pas seuls et que leurs r�actions sont normales; (b) elles permettent aux participants de partager leur exp�rience dans un climat sain et soutenant, et de se sentir crus et compris; (c) elles offrent aux enfants et aux parents un terrain d'exp�rimentation pour pratiquer les habilet�s acquises en th�rapie; (d) elles permettent d'aider � rompre l'isolement social des familles abusives en leur donnant acc�s � de nouvelles sources de soutien social. Cependant, comme l'efficacit� de ces types d'intervention est insuffisamment d�montr�e (Tourigny, 1997), elles ne sont sugg�r�es que comme compl�ment � une th�rapie individuelle ou familiale.

L'agression sexuelle chez les Premi�res Nations

La r�alit� de l'agression sexuelle chez les Premi�res Nations

Peu d'etudes ont tent� d'�valuer d'une mani�re rigoureuse la pr�valence du ph�nom�ne d'agression sexuelle chez les enfants dans les populations am�rindiennes. Les r�sultats obtenus � ce jour sont d'ailleurs contradictoires, certaines �tudes rapportant des taux de victimisation aussi �lev�s que 50% chez les gar�ons et 48 � 80% chez les filles (Herbert & McCannel, 1997; Nechi Institute et al., 1988), tandis que d'autres rapportent des taux aussi faibles que 2,4% chez les gar�ons et 12,7 � 14% chez les filles (Kunitz, Levy, McCloskey & Gabriel, 1998; Pharris, Resnick & Blum, 1997). Outre ces cas extr�mes, les taux rapport�s se situent g�n�ralement entre 27 et 52% des filles et 3 et 14% des gar�ons (Embree & De Wit, 1997; Gutieres, Russo & Urbanski, 1994; Gutieres & Todd, 1997; Lodico, Gruber & DiClemente, 1996; Robin, Chester, Rasmussen, Jaranson & Goldman, 1997b; Roosa, Reinholtz & Angelini, 1999). Les quelques �tudes qui ont tent� de comparer la pr�valence des agressions sexuelles au sein de diverses populations n'ont �galement pas r�ussi � s'entendre: certaines �tudes indiquent que la pr�valence du ph�nom�ne est similaire chez les Am�rindiens et chez les autres peuples nord-am�ricains (Gutieres & Todd, 1997; Roosa et al., 1999), alors que d'autres observent des taux plus �lev�s que ceux observ�s chez les Nord-Am�ricains anglo-saxons, mais similaires � ceux observ�s chez les autres groupes minoritaires (Lodico, Gruber & DiClemente, 1996). Les r�sultats de l'�tude de Robin, Chester, Rasmussen, Jaranson et Goldman (1997a) permettent n�anmoins de pr�ciser le ph�nom�ne chez les Am�rindiens: (a) 50% des victimes ont �t� agress�es par plus d'une personne; (b) 55% des victimes ont �t� agress�es par p�n�tration; (c) 95% des victimes ont �t� agress�es par quelqu'un qu'elles connaissaient; (d) 78% des victimes ont �t� agress�es par un membre de leur famille; (e) la pr�valence de l'agression sexuelle semble augmenter d'une g�n�ration � l'autre.

Les r�sultats des �tudes qui ont tent� d'�valuer quelles �taient, pour un enfant am�rindien, les cons�quences d'une agression sexuelle sont g�n�ralement compatibles avec les r�sultats des �tudes nord-am�ricaines (Barker-Collo, 1999; Embree & De Wit, 1997; Herbert & McCannel, 1997; Irwin & Roll, 1995; Kunitz et al., 1998, 1999; Lodico et al., 1996; McEvoy & Daniluck, 1995; Pharris et al., 1997; Robin et al., 1997a, 1997b, 1999; Roosa et al., 1999): (a) d�pression, d�sespoir, id�ations suicidaires et tentatives de suicide; (b) honte, culpabilit� et faible estime de soi; (c) consommation abusive d'alcool et de drogues; (d) comportements antisociaux et autodestructeurs; (e) revictimisation ult�rieure et risque de devenir agresseur; (f) peur et anxi�t�; (g) <<brisure>> de l'image de soi et confusion quant aux fronti�res personnelles; (h) probl�mes relationnels et sexuels. Malgr� cette similitude, McEvoy et Daniluck (1995) mentionnent certaines diff�rences importantes � prendre en consid�ration en th�rapie. Ainsi, lorsqu'ils d�crivent les conditions de vie de leurs sujets, ils font la remarque suivante: <<Ces femmes ont grandi empil�es dans des petites maisons, parfois sans fen�tres, chauffage ou plomberie, d�pourvues de vie priv�e et de fronti�res personnelles et sans espace pour se cacher>> (McEvoy & Daniluck, 1995, p. 226). Robin et al. (1997a) indiquent aussi que l'alcoolisme des parents semble constituer un facteur de risque important d'agression sexuelle chez l'enfant am�rindien. Comme 74% des sujets ayant particip� � cette �tude rapportent qu'un de leur parent souffrait d'alcoolisme, ce r�sultat est inqui�tant. D'autres diff�rences �mergent lorsque l'on tient compte des facteurs de protection ayant �t� identifi�s pour les enfants am�rindiens agress�s sexuellement (Herbert & McCannel, 1997; Pharris et al., 1997) soit: le soutien de la famille, du chef de bande ou d'autres adultes, les attentes parentales, l'implication dans les activit�s traditionnelles, l'attachement � l'�cole, la spiritualit� et l'identit� culturelle. Ces r�sultats d�montrent clairement l'importance de la famille, de la communaut� et de la culture pour les peuples des Premi�res Nations. Enfin, les valeurs am�rindiennes traditionnelles concernant la sexualit� laissent supposer que le v�cu subjectif des victimes peut se produire dans un cadre tr�s diff�rent du cadre occidental. En effet, les soci�t�s am�rindiennes �taient traditionnellement matriarcales et, contrairement aux soci�t�s occidentales, accordaient une libert� de choix sexuel totale � la femme: si l'homme restait libre de refuser les avances d'une femme, c'est toujours celle-ci qui faisait les premiers pas.

Facteurs associ�s � l'agression sexuelle et susceptibles de cr�er des tensions relativement � l'�tablissement d'une relation th�rapeutique dans les communaut�s am�rindiennes

Les facteurs historiques

Les premiers contacts des Premi�res Nations avec les colons occidentaux furent caract�ris�s par de longs affrontements. Si ces affrontements remontent � un certain temps d�j�, leur importance r�side dans le fait qu'ils se sold�rent par la d�cimation des 2/3 du peuple am�rindien (Weaver & Brave Heart, 1999) et par l'imposition des valeurs <<europ�ennes>>. C'est ainsi que les Am�rindiens en sont venus � chasser pour le commerce, plut�t que pour assurer leur simple subsistance, et que leur soci�t� est pass�e d'un syst�me matriarcal ou �galitaire � un syst�me patriarcal (Connors & Oates, 1997; Herbert & McCannel, 1997). Les missionnaires ont ensuite �t� charg�s d'�duquer les <<sauvages>> et de les convertir � la religion catholique. Or, le comportement de certains de ces missionnaires n'�tant pas toujours conforme aux valeurs chr�tiennes qu'ils pr�naient, le message transmis aux Am�rindiens fut paradoxal: il faut para�tre <<pur>> publiquement mais tout est permis en priv�, alors qu'auparavant, ils avaient appris � rester euxm�mes tant en public qu'en priv� (Connors & Oates, 1997). L'�ducation des enfants fut aussi modifi�e: l'apprentissage traditionnel, caract�ris� par l'observation, la libert� de choix et l'exp�rimentation, fut progressivement remplac� par le mod�le d'enseignement magistral occidental, excluant la libert� de choix et d'exp�rimentation de l'apprenant.

Les trait�s de paix qui suivirent permirent aux Occidentaux de s'approprier les territoires de chasse traditionnels des peuples am�rindiens et forc�rent ces derniers � vivre sur des r�serves, parfois m�me � plusieurs centaines de kilom�tres de leurs territoires traditionnels (Kirmayer, Brass & Tait, 2000). Les efforts d'assimilation des Am�rindiens atteignirent un point culminant lors de la cr�ation des �coles r�sidentielles, dans lesquelles plusieurs g�n�rations d'enfants am�rindiens furent plac�s apr�s avoir �t� arrach�s � leurs familles. Dans ces �coles o� il leur �tait interdit de parler leur langue, de communiquer avec leur famille et o� l'on d�nigrait leur culture, plusieurs enfants furent victimes d'agressions sexuelles (Carter & Parker, 1991; Hodgson, 1990; Kirmayer et al., 2000; Malone, 2000; Weaver & Brave Heart, 1999). Si la situation semble aujourd'hui s'�tre am�lior�e, et si les Premi�res Nations ont eu la possibilit� de reprendre en main l'�ducation de leurs enfants, les r�serves sont toujours pr�sentes et certaines lois canadiennes en vigueur, formul�es en fonction du concept de famille nucl�aire, continuent de d�nigrer certains aspects de la culture am�rindienne, organis�e autour du concept de famille �largie (LaFromboise, Trimble & Mohatt, 1990).

Ces facteurs historiques ont souvent �t� tenus responsables de l'effondrement de la soci�t� am�rindienne, de la hausse de l'alcoolisme et de la pr�valence �lev�e de l'agression sexuelle (Connors & Oates, 1997; Kirmayer et al., 2000; Lowery, 1998; Trimble, 1992; Willis et al., 1992). Les conditions de pauvret� parfois extr�mes qui r�gnent sur les r�serves am�rindiennes permettent aussi d'expliquer l'�mergence de conditions favorables au d�veloppement de ces probl�mes (Connors & Oates, 1997, Willis et al., 1992). Si l'on tient compte du fait que la pauvret�, l'alcoolisme d'un parent et le fait d'avoir d�j� �t� agress� sexuellement constituent des facteurs qui augmentent le risque qu'un enfant soit agress� sexuellement (Wolfe, 1999), les soci�t�s am�rindiennes semblent aujourd'hui prises dans un cercle vicieux duquel elles auront de la difficult� � se sortir (Connors & Oates, 1997; Herbert & McCannel, 1997; Kirmayer & al., 2000). Une chose est cependant claire: ce pass� difficile permet d'expliquer la m�fiance que manifestent aujourd'hui certains clients am�rindiens face � un th�rapeute occidental. Assiniwi (1973, p.12-13), un �crivain et historien am�rindien, explique comme suit ce ph�nom�ne:

<<Ce d�couvreur que mon anc�tre a accueilli, nourri, soign�, promen� � travers les pistes d�j� bien battues, nous a apport� une nouvelle civilisation: "SA" civilisation qu'il appelait "LA" civilisation. Si tu appartiens � la descendance de cet homme qui m'a oubli� volontairement dans cet immense pays, devenu trop petit pour que je m'y sente encore � mon aise, noy� que je suis dans cet �tang qui manquera d'eau bient�t et que tu appelles "R�SERVE", �coute bien ce que j'ai envie de te dire depuis si longtemps. �coute bien le "SAUVAGE" que je suis [...]

Tu sauras comment je t'ai vu arriver, vivre et abuser de ma na�vet�. Tu conna�tras les tourments qui m'ont assailli � mesure que tu prenais la place qui m'�tait n�cessaire. Tu sauras ce que j'ai ressenti, en voyant mourir mon fr�re, ma soeur, mon p�re, ma m�re, les animaux et les arbres de ma for�t. Tu conna�tras les raisons de mes guerres et de mes paix. Tu apprendras ce que tu appelles ma "passivit�" au d�veloppement de "mon pays" et � mon int�gration � "ton monde". Tu sentiras couler sur ton visage toutes les larmes vers�es par mes yeux, au regard de ma fiert� bless�e. Tu vivras mon angoisse pr�sente et ma crainte du lendemain face � ton inconscience de mon droit � la libert� culturelle et linguistique [...] Alors, mais alors seulement, je te permettrai de me juger [...] si tu as compris [...]>>

Les facteurs culturels(2)(3)

Si l'agression sexuelle est un ph�nom�ne tout aussi r�pr�hensible dans la culture am�rindienne que dans le reste de la culture nord-am�ricaine (Carter & Parker, 1991; Kahn, Lejero, Antone, Francisco & Manuel, 1988), le cadre culturel dans lequel elle prend place est fort diff�rent. Plusieurs auteurs mentionnent que l'une des caract�ristiques dominantes de la culture am�rindienne est une forme de r�gulation sociale des conflits interpersonnels visant le maintien de l'harmonie et de la coop�ration (Brant, 1990; Connors & Oates, 1997; Lundy, 1987). Cette caract�ristique, qui aurait autrefois permis aux tribus am�rindiennes nomades de survivre aux riguems du elimat nordam�ricain (Lundy, 1987), est cependant � la source d'autres valeurs am�rindiennes susceptibles de contribuer au silence face aux agressions sexuelles et au maintien du ph�nom�ne (Brant, 1990, 1993; Long, 1986; Morrissette & Nanden, 1998; Savinshinsky, 1991). De surcro�t, ces valeurs sont aussi susceptibles de compliquer s�rieusement l'�valuation et l'intervention aupr�s de clients am�rindiens lorsqu'elle est effectu�e par un intervenant occidental (Carlson, 1973).

La loyaut� � la communaut� et l'interd�pendance. Dans la culture am�rindienne traditionnelle, le concept de soi est d�fini de fa�on relationnelle, le bien-�tre de la famille �largie, de la bande et de la communaut� y occupant une place primordiale (Connors & Oates, 1997; Kirmayer et al., 2000; Malone, 2000; Weaver & Brave Heart, 1999). Dans un cadre d'agression sexuelle, l'une des craintes principales des Am�rindiens concerne l'introduction dans leur communaut� d'un nouvel oppresseur (c.-�-d., l'intervenant), porteur de lois et de valeurs distinctes (Willis et al., 1992). Cette appr�hension, qui s'ajoute � la crainte de <<briser>> la famille, observ�e chez les Occidentaux, peut en partie �tre expliqu�e par certains des facteurs historiques pr�sent�s plus haut. La peur d'�tre exclus de la communaut� est une autre raison pour laquelle les Am�rindiens pr�f�rent garder le silence dans une situation d'agression sexuelle. La r�serve �tant un lieu isol�, il est fr�quent que la victime pr�f�re garder le silence plut�t que d'avoir � quitter sa famille pour aller en ville recevoir le soutien dont elle a besoin. Ces valeurs communautaires sont intimement li�es � l'importance accord�e au partage par les peuples am�rindiens (Brant, 1990; Malone, 2000). Pour cette raison, les frais exig�s par certains th�rapeutes occidentaux pour intervenir aupr�s de leurs clients et leur obligation �thique de ne pas accepter d'�changes de services peuvent constituer une autre source de conflit de valeurs.

La non-interf�rence. La non-interf�rence est une norme am�rindienne qui vise � assurer le respect de l'autonomie individuelle en d�courageant toute forme de coercition et d'interf�rence dans la vie priv�e des autres membres de la communaut� (Kelso & Attneave, 1981). Si le bien-�tre de la communaut� est prioritaire pour les Premi�res Nations, la libert� individuelle vient au second rang et n'est limit�e que par le respect de la communaut�. Selon Good Tracks (1973), la non-interf�rence ferait partie des valeurs les plus accept�es par l'ensemble des peuples am�rindiens. Au niveau comportemental, elle se manifeste, par exemple, par l'apparente permissivit� des parents � l'�gard de leurs enfants (Armstrong & Patterson, 1975). Cependant, en poussant les Am�rindiens � se <<m�ler de leurs affaires>>, la non-interf�rence n'encourage certainement pas le d�voilement de l'agression (Malone, 2000). Certains auteurs ont toutefois remis cette interpr�tation en question en mentionnant que, si les gens sont encourag�s � ignorer ce qui se passe chez les voisins, aucune valeur am�rindienne n'emp�che la victime d'aller chercher de l'aide et d'en recevoir (Hodgson, 1990). La loyaut� � la communaut� et l'importance accord�e au bonheur d'autrui pour les peuples am�rindiens rendent effectivement possible et m�me souhaitable le d�voilement d'une situation d'agression sexuelle (Willis et al., 1992). Hodgson (1990) pr�cise cette affirmation en mentionnant que la <<loi du silence>>, qui semble toucher les situations d'agressions sexuelles, serait davantage une caract�ristique des familles abusives ou alcooliques qu'un trait de la culture am�rindienne.

La spiritualit�. L'importance de la spiritualit� pour les peuples am�rindiens provient de leur croyance que le bien-�tre (ou la maladie) provient d'un �tat d'�quilibre et d'harmonie entre l'esprit, l'�me, les �motions et le corps, et que chacune de ses dimensions est elle-m�me li�e au bien-�tre de la communaut�, du monde spirituel et de la nature environnante (Kirmayer et al., 2000; Lowery, 1998; McCormick, 2000; Topper, 1992; Trimble, 1992; Weaver & Brave Heart, 1999; Wyrostok & Paulson, 2000). Cette importance accord�e � la spiritualit� peut pousser les gens � croire que les causes d'une agression sexuelle r�sident dans l'influence de mauvais esprits habitant l'agresseur ou � attribuer les sympt�mes manifest�s par l'enfant � une mal�diction. La situation se complique lorsque l'agresseur est l'un des a�n�s de la communaut�, puisque les personnes �g�es occupent dans la communaut� le r�le important de <<gardiens de la culture>> (Hodgson, 1990). En plus de nuire au d�voilement d'une situation d'agression sexuelle, ces traits culturels peuvent aussi transmettre l'impression qu'une intervention n'apportera rien de plus � la victime que ce qu'elle peut obtenir des gu�risseurs traditionnels.

Le savoir-�tre am�rindien. Dans la culture am�rindienne, certains aspects culturels li�s au savoir-�tre, s'ils n'influencent pas la pr�valence ou le d�voilement des agressions sexuelles, peuvent certainement nuire � l'�tablissement d'une relation th�rapeutique entre un client am�rindien et un intervenant occidental (Malone, 2000). Premi�rement, pour r�duire la rivalit� intergroupe et d'�viter l'embarras des membres du groupe les moins habiles, les soci�t�s am�rindiennes ont traditionnellement favoris� l'adoption d'une attitude de non-comp�titivit�, souvent difficile � comprendre pour un Occidental (Kelso & Attneave, 1981). Au niveau comportemental, cette attitude est souvent per�ue comme un manque d'initiative et d'ambition, parfois interpr�t�e comme une d�pression. Deuxi�mement, dans le but d'encourager la ma�trise de soi et de d�courager l'expression de sentiments violents, la retenue �motionnelle est un comportement fort valoris� dans le contexte tribal traditionnel des Premi�res Nations (Malone, 2000). Outre le fait qu'une suppression �motionnelle prolong�e, combin�e � une consommation d'intoxicants, peut donner lieu � certains rel�chements violents, certains intervenants ont souvent interpr�t� cette retenue comme de la passivit� et comme une forme de r�sistance au d�voilement de soi (Brant, 1990). Troisi�mement, le concept du temps chez les Am�rindiens est tr�s diff�rent de celui rencontr� dans le reste de la soci�t� nord-am�ricaine: ils con�oivent le temps comme une entit� flexible et relative � la personne et au contexte. Pour un Occidental, cette flexibilit� peut souvent �tre interpr�t�e comme de la paresse et les retards aux s�ances de th�rapie, comme de la r�sistance (Malone, 2000). Enfin, comme les Am�rindiens croient que l'individu seul est capable de d�terminer ses habilet�s, la gratitude et l'approbation sont rarement verbalis�es ou d�montr�es (Wax & Thomas, 1961). De m�me, pour �viter l'embarras, les points faibles d'un individu ne sont jamais directement soulign�s. Par cons�quent, les Am�rindiens ont beaucoup de difficult� � accepter les commentaires positifs ou critiques ainsi que les r�compenses.

La th�rapie aupr�s des enfants Am�rindiens victimes d'agression sexuelle

La th�rapie individuelle et familiale

� notre connaissance, peu de mod�les d'interventions op�rationnels ont �t� propos�s pour intervenir aupr�s des enfants am�rindiens agress�s sexuellement, et aucun n'a encore �t� �valu� syst�matiquement. Par contre, cette recension des �crits n'a r�v�l� aucune contre-indication � l'utilisation d'un mod�le th�rapeutique ayant d�montr� sa valeur aupr�s d'enfants nord-am�ricains, comme celui qui a �t� pr�sent� au d�but de cet article (Willis et al., 1992). Celano et al. (1996) ont d'ailleurs d�j� d�montr� l'efficacit� de ce type d'intervention aupr�s d'enfants afro-am�ricains, Cependant, si les cibles et techniques d'intervention sont transposables � la culture am�rindienne, certaines sources de tensions sont susceptibles d'appara�tre et de miner la th�rapie si l'intervenant occidental ne modifie pas son style interpersonnel pour tenir compte des valeurs am�rindiennes (LaDue, 1994; Lafromboise, Trible, Mohatt & Thomason, 1993; Lafromboise et al., 1990; Solomon, Heisberger & Winer, 1981; Willis et al., 1992). � cet �gard, un certain nombre de suggestions a �t� propos� dans les �crits scientifiques(4).

L'orientation th�rapeutique. En premier lieu, il est primordial de choisir l'orientation th�rapeutique qui sera privil�gi�e. � cet �gard, certains auteurs ont constat� que les Am�rindiens pr�f�rent un degr� de directivit� plus grand que celui utilis� dans une th�rapie conventionnelle, telle que la th�rapie psychanalytique (Heilbron & Guttman, 2000; Renfrey, 1992; Topper, 1992). D'autres auteurs ajoutent aussi que les th�rapies familiales traditionnelles, centr�es sur la famille nucl�aire, ne sont pas appropri�es et devraient �tre modifi�es pour inclure la famille �largie (Carter & Parker, 1991; Everett et al., 1983; Heilbron & Guttman, 2000; Topper, 1992; Willis et al., 1992). En fait, en s'appuyant sur le fait que les modes d'apprentissage privil�gi�s par les Am�rindiens sont le modelage, l'exp�rimentation et le bouche � oreille, Renfrey (1992) recommande l'utilisation d'une th�rapie cognitive et comportementale. Cette recommandation est d'ailleurs renforc�e par le fait que c'est ce type de th�rapie qui s'est av�r�e le plus efficace pour traiter les enfants occidentaux agress�s sexuellement. Toutefois, compte tenu de la conception am�rindienne de la gratitude, les principes du conditionnement op�rant devraient �tre utilis�s avec prudence.

Le niveau d'acculturation du client et de la communaut�. Un second point � prendre en consid�ration est le niveau d'acculturation d'un client am�rindien, c'est-�-dire, son niveau de croyance aux valeurs traditionnelles de son peuple (Connors & Oates, 1997; Topper, 1992). En effet, pour un client encore tr�s attach� � la culture traditionnelle, diff�rents �l�ments de cette culture devraient �tre consid�r�s en th�rapie (Ashby, Gilchrist & Miramontez, 1987; Heilbron & Guttman, 2000). � cet �gard, il a �t� sugg�r� de faire appel � la communaut� en ce qui concerne le soutien moral � fournir au client et de r�f�rer, si n�cessaire, aux guides spirituels am�rindiens (c.-�-d., shamans, gu�risseurs, etc.) comme aides th�rapeutiques (Heilbron & Guttman, 2000; Kahn et al., 1988; Willis et al., 1992). De m�me, l'identification des alliances qui existent entre les familles et les clans de la communaut� peut s'av�rer fort utile, notamment pour r�duire les sources de conflit que le client est susceptible de rencontrer dans sa communaut�. Sur le plan communautaire, le niveau d'attachement aux valeurs traditionnelles est encore plus important puisque, dans les communaut�s fortement traditionnelles, l'intervenant occidental pourra avoir encore plus de difficult� � �tablir sa pratique. Il est donc fortement sugg�r� � un intervenant d�sireux d'�tablir une pratique dans l'une de ces communaut�s de prendre le temps de cr�er des contacts et des collaborations avec les gu�risseurs traditionnels, les a�n�s et les chefs de bande (Darou, Kurtness & Hum, 2000; Hodgson, 1990; Kahn et al., 1988; McCormick, 2000). Compl�ter son intervention par des m�thodes plus traditionnelles telles que les chants, la danse, le je�ne, les saunas traditionnels (<<sweat lodges>>), les tipis branlants (<<shaking tipis>>), les c�r�monies de pipe, le recours � des m�decines naturelles et l'utilisation de l�gendes traditionnelles et de m�taphores peut alors s'av�rer tr�s utile (Heilbron & Guttman, 2000; Hodgson, 1990). De surcro�t, l'importance accord�e au bouche � oreille chez les peuples am�rindiens fait des l�gendes, une m�thode traditionnelle de gu�rison et de croissance personnelle, un outil th�rapeutique puissant (Dion Buffalo, 1990; Kirmayer et al., 2000; Sue, 1990)(5). La signification symbolique accord�e � ces diff�rents �l�ments culturels par les Am�rindiens est d'ailleurs d�crite comme suit par Dion Buffalo (1990, p. 121): <<Les chants ouvrent les diff�rents canaux �nerg�tiques du corps; les tambours recr�ent le rythme des battements cardiaques; et les danses reproduisent la sensation de n'�tre plus qu'un avec l'univers. Les l�gendes fonctionnent mieux lorsqu'elles sont rapides, comme une fl�che>>. Une autre m�thode efficace pour int�grer la culture am�rindienne est d'adapter le cadre th�orique de la th�rapie � celui du mod�le holistique de gu�rison des Am�rindiens, symbolis� par la roue de m�decine (<<medicine wheel>>) (Kahn et al., 1988; Lowery, 1998; Willis et al., 1992; Wyrostok & Paulson, 2000).

L'environnement th�rapeutique. En lien direct avec le point pr�c�dent, plusieurs suggestions ont �t� formul�es eut �gard � l'environnement th�rapeutique: un environnement accueillant peut grandement favoriser l'�tablissement d'une relation th�rapeutique avec un client am�rindien. Par exemple, dans le bureau de l'intervenant, la pr�sence d'herbes m�dicinales traditionnellement utilis�es pour la purification avant une c�r�monie (sauge, tabac, c�dre, etc.) ou d'objets traditionnels (roue de m�decine, plumes d'aigle, etc.), peut indiquer au client que le th�rapeute est ouvert � sa culture (Heilbron & Guttman, 2000). De m�me, offrir de l'eau ou des friandises peut contribuer � mettre le client � l'aise puisque le partage de nourriture correspond � un t�moignage de confiance pour les Am�rindiens. Enfin, Malone (2000) recommande de demander � un ancien de la communaut� de <<b�nir>> le bureau du th�rapeute, de fa�on � diminuer les craintes possibles de la communaut� � l'�gard des mauvais esprits.

L'isolement du client. L'isolement g�ographique de plusieurs r�serves am�rindiennes pourra jouer un r�le important dans une th�rapie avec un client am�rindien. En effet, cet isolement est susceptible d'entra�ner des probl�mes s�rieux au niveau de la communication (plusieurs clients am�rindiens n'ont pas de t�l�phone � la maison) et du transport (Topper, 1992; Willis et al., 1992). Pour cette raison, l'intervenant devrait planifier l'intervention en cons�quence et s'assurer que le client dispose, � la maison, d'un r�seau de soutien ad�quat. Pour cette m�me raison, une th�rapie ponctuelle et br�ve, comportant un nombre r�duit de s�ances bihebdomadaires risque davantage de susciter l'implication du client (Topper, 1992).

La communication. Comme de nombreux clients am�rindiens ne parlent ni le fran�ais ni l'anglais, et qu'il n'existe pas de langue am�rindienne universelle, il peut parfois s'av�rer utile d'avoir recours � un interpr�te (Everett et al., 1983). Si tel est le cas, il est essentiel de faire preuve de prudence. En effet, la communication par personne interpos�e est susceptible de rendre plus difficile l'�tablissement de la relation th�rapeutique et de miner la cr�dibilit� de l'intervenant. Une attention toute particuli�re devrait donc �tre port�e � la pr�sence d'erreurs d'interpr�tation (Everett et al., 1983). Ces erreurs peuvent d'ailleurs souligner un probl�me au niveau de l'ad�quation entre l'intervention effectu�e et la culture am�rindienne. Enfin, compte tenu du respect accord� par les Am�rindiens aux personnes plus �g�es, l'interpr�te utilis� devrait toujours �tre plus �g� que le client. En effet, il serait inad�quat qu'une personne plus jeune entende et traduise les probl�mes d'une personne plus �g�e (Everett et al., 1983).

Le contact. Plusieurs peuples am�rindiens consid�rent le contact visuel comme un manque de respect ou comme une manifestation d'hostilit� (Lewis & Ho, 1975; Malone, 2000). De m�me, les normes sociales concernant le contact physique entre les individus varient aussi entre les peuples am�rindiens. Par exemple, certains peuples am�rindiens consid�rent la poign�e de main comme un geste agressif et comme un manque de respect. Pour �viter les malentendus, il est donc pr�f�rable de prendre exemple sur le client � cet �gard (Everett et al., 1983). Enfin, comme de nombreux Am�rindiens pr�f�rent un espace personnel plus grand que les Occidentaux, il est recommand� de les laisser choisir o� ils se placeront pendant les rencontres.

La confidentialit� et la famille �largie. Une autre source de tension possible concerne la peur de la perte de confidentialit�. Une r�serve am�rindienne est un lieu isol� et ferm� dans lequel tous les habitants sont li�s les uns aux autres (c.-�-d., famille, clan, etc.); cela, malgr� la non-interf�rence, laisse peu de place � la vie priv�e. Ainsi, comme tous connaissent les probl�mes des autres, il est possible qu'un Am�rindien h�site � se confier � un th�rapeute oeuvrant sur la r�serve (Kirmayer et al., 2000). Par ailleurs, il arrive fr�quemment que le client am�rindien insiste pour que des membres de la famille �largie assistent aux s�ances de th�rapie (Topper, 1992). Si cette demande cadre mal avec une conception occidentale de la th�rapie, l'intervenant doit rester conscient que, pour un Am�rindien, il est aussi normal de requ�rir la pr�sence d'un grand-parent ou d'une tante qu'il l'est pour un Occidental de souhaiter celle de sa m�re (Connors & Oates, 1997).

L'interf�rence. Un th�rapeute occidental pour qui la valeur de non-interf�rence am�rindienne est peu famili�re devrait porter une attention particuli�re � trois expressions sp�cifiques d'interf�rence (Darou et al., 2000; Good Tracks, 1973; Heilbron & Guttman, 2000). Premi�rement, lorsqu'un intervenant donne l'impression qu'il veut absolument tout savoir sur la culture am�rindienne, il est possible que les clients per�oivent cette curiosit� comme une intrusion dans leur vie priv�e et comme un manque d'empathie et de respect. L'apprentissage culturel am�rindien faisant appel au bouche � oreille et � l'observation, une interrogation pouss�e � ce sujet pourra �tre mal per�ue. � l'oppos�, un client am�rindien pourra aussi �tre offens� par un th�rapeute qui se dirait <<expert>> de la culture am�rindienne. Deuxi�mement, puisque les Am�rindiens ont souvent l'impression que les Occidentaux interf�rent r�guli�rement dans leur communaut�, toute intervention qui sugg�re des changements communautaires est susceptible d'�tre per�ue comme de l'interf�rence. Par exemple, le fait que les services gouvernementaux soient g�n�ralement dirig�s par des non-Am�rindiens est souvent per�u par ces derniers comme un abus de pouvoir des Occidentaux. � cet �gard, les Am�rindiens �tant souvent d'avis qu'un intervenant de leur culture serait pr�f�rable, un Occidental d�sireux d'�tre accept� aurait une fois de plus avantage � s'allier la complicit� des gu�risseurs traditionnels de la communaut�. Troisi�mement, les intervenants occidentaux sont form�s selon un style d'interaction th�rapeutique, caract�ris� par l'�coute et l'interrogation, qui n'autorise pas la r�v�lation de soi. Pour un client am�rindien, un tel style peut cependant �tre per�u comme impoli et importun ou comme un indice d'incomp�tence (Jilek-Aall, 1976). Pour cette raison, la r�v�lation de soi de la part du th�rapeute (partager son v�cu, ses opinions et ses croyances, etc.) permettra probablement d'obtenir plus d'informations et d'�tablir un meilleur contact avec le client qu'un style interrogatoire direct (Malone, 2000).

La condescendance et la discrimination. Les Am�rindiens ne se sentent pas toujours � l'aise lorsqu'ils doivent interagir avec des Occidentaux plus instruits qu'eux et peuvent �prouver certaines difficult�s � s'exprimer clairement. Ces sentiments s'aggravent lorsque l'intervenant semble faire preuve de condescendance � leur �gard (Darou et al., 2000). En fait, plut�t que de s'exprimer directement, la condescendance se manifeste habituellement par l'adoption d'une attitude paternaliste empreinte du d�sir d'aider un <<pauvre petit Am�rindien>> (Darou et al., 2000). � ce propos, les Am�rindiens d�plorent l'attitude condescendante des Occidentaux qui, face � leurs erreurs (p. ex., un programme mal g�r� par la communaut�), pr�f�rent les encourager en disant que <<c'est tout de m�me un bon travail et qu'ils vont s'occuper d'arranger les choses>> plut�t que de leur donner un feed-back objectif qui leur permettrait de s'am�liorer. La peur qu'un th�rapeute ait des pr�jug�s � l'endroit des Am�rindiens peut aussi influencer la relation th�rapeutique. � ce sujet, comme de nombreux intervenants poss�dent effectivement des pr�jug�s � l'�gard des Am�rindiens, il est fr�quent qu'un climat de m�fiance r�ciproque s'�tablisse (Malone, 2000; Willis et al., 1992). Un intervenant occidental oeuvrant dans une communaut� am�rindienne a donc avantage � se questionner s�rieusement et sinc�rement quant � ses propres pr�jug�s.

Admettre son ignorance. Comme certaines actions, parfaitement justifi�es dans la culture am�rindienne, peuvent para�tre �tranges aux yeux d'un intervenant occidental, il est important que ce dernier n'h�site pas � admettre son ignorance face aux coutumes concern�es et � demander des explications (Darou et al., 2000; Heilbron & Guttman, 2000). De telles clarifications sont susceptibles de r�duire consid�rablement la possibilit� d'erreurs en cours d'intervention et de rehausser la cr�dibilit� de l'intervenant.

L'insertion et le traitement du parent agresseur. Ce dernier aspect est primordial. En effet, les conceptions de la justice et les lois �tant fort diff�rentes pour les Am�rindiens et les Occidentaux, il est fr�quent que les proc�dures judiciaires � respecter en mati�re d'agression sexuelle ne puissent �tre suivies � la lettre (Connors & Oates, 1997; Willis et al., 1992). Par exemple, il est fr�quent que les victimes et les familles am�rindiennes refusent de d�poser une plainte formelle contre l'agresseur, pr�f�rant en endurer les cons�quences plut�t que de remettre l'un des leurs entre les mains de <<l'envahisseur>> (Hodgson, 1990). Heureusement, comme l'agression sexuelle n'est pas plus accept�e dans la communaut� am�rindienne que dans les autres communaut�s nord-am�ricaines, d'autres options s'offrent � l'intervenant confront� � ce genre de probl�me. Ainsi, Connors & Oates (1997) pr�sentent en d�tail un mod�le de m�diation communautaire permettant � la fois de pr�server l'int�grit� de la communaut� et d'assurer une collaboration entre ses dirigeants et les instances juridiques. De m�me, un th�rapeute confront� � la n�cessit� de permettre au parent agresseur de r�int�grer le domicile familial, aurait avantage � s'inspirer des r�gles formul�es par Wolfe (1990) � ce sujet. Ces r�gles sont rapport�es dans le Tableau 1.

Th�rapie de groupe.

Compte tenu de l'importance que la communaut� occupe dans la vie des Am�rindiens, les th�rapies de groupes peuvent s'av�rer un compl�ment fort pr�cieux aux interventions individuelles et familiales (McEvoy, 1990; Willis et al., 1992). De ce point de vue, la technique du cercle de gu�rison (<<healing circle>>) semble particuli�rement adapt�e aux clients am�rindiens (Connors & Oates, 1997; Heilbron & Guttman, 2000). Cette technique, qui combine les �l�ments d'une th�rapie de groupe classique aux caract�ristiques propres � la culture am�rindienne, a pour objectif d'offrir du soutien au client, de lui permettre d'exprimer ses �motions et de favoriser sa <<gu�rison>> holistique, son d�veloppement personnel et la croissance de la communaut� (Ashby et al., 1987). Il convient ici de pr�ciser que, pour les Am�rindiens, le cercle constitue un symbole de vie, d'�nergie et d'unit�. Le point central de cette technique est de permettre, dans un contexte d'honn�tet�, de respect et de confidentialit�, l'expression �motionnelle des participants. Un leader am�rindien ayant d�j� particip� � un cercle de gu�rison est habituellement nomm� responsable (ou coresponsable) du cercle et doit, en utilisant des techniques de counselling, encourager le discours et aider les participants � �tablir leurs objectifs personnels (Heilbron & Guttman, 2000). Cependant, comme les �valuations actuelles de ce type de programme demeurent partielles (Ashby et al., 1987; McEvoy, 1990), son utilisation n'est sugg�r�e que comme compl�ment � une th�rapie individuelle ou familiale plus syst�matique (McEvoy, 1990).

Conclusion

Comme nous avons pu le voir dans ce texte, peu de mod�les ont �t� propos�s pour traiter les enfants am�rindiens victimes d'agressions sexuelles. En effet, les mod�les propos�s demeurent anecdotiques et n'ont presque jamais fait l'objet d'�valuation syst�matique. De m�me, les recommandations propos�es concernent surtout l'int�gration des valeurs am�rindiennes � l'int�rieur d'un processus plus ou moins bien d�fini. Le manque d'�valuations empiriques des mod�les propos�s contribue aussi � limiter leur utilit� r�elle. Pour cette raison, nous proposons qu'un mod�le compr�hensif et exhaustif du traitement des enfants am�rindiens victimes d'agressions sexuelles s'appuie sur des techniques th�rapeutiques dont l'efficacit� a pu �tre d�montr�e aupr�s de la population g�n�rale, tout en y int�grant les �l�ments culturels propres aux peuples des Premi�res Nations. L'essentiel de notre propos est repris au Tableau 2. Bien entendu, avant de g�n�raliser un tel mod�le th�rapeutique, d'autres �valuations empiriques sont n�cessaires. De m�me, la possibilit� de le g�n�raliser aux diff�rents peuples am�rindiens devrait �tre �valu�e.

Ce texte serait incomplet si l'importance de s'attarder davantage � la pr�vention des agressions sexuelles chez les Am�rindiens n'�tait pas soulign�e. Comme nous avons pu le constater, plusieurs �l�ments historiques, sociaux (alcoolisme, pauvret�, isolement) et culturels (valeurs et traditions) semblent contribuer � maintenir les communaut�s am�rindiennes dans un cercle vicieux duquel elles auront de la difficult� � s'extirper. En revanche, il est aussi clair que certaines des valeurs traditionnelles des peuples des Premi�res Nations constituent des leviers de changement importants sur lesquels il serait n�cessaire de tabler. Sans nier l'importance de travailler au traitement des nombreux enfants am�rindiens victimes d'agression sexuelle, il appara�t clair que le climat (ou atmosph�re) qui r�gne actuellement dans plusieurs communaut�s am�rindiennes est intimement li� � la multitude de probl�mes qui y sont observ�s. Conform�ment � une vague r�cente de retour aux traditions observ�e dans certaines communaut�s am�rindiennes, nous estimons qu'une intervention communautaire pr�ventive aurait avantage � s'appuyer sur les leviers de changement d�j� en place dans ces communaut�s, et � s'inspirer des recommandations formul�es dans ce texte pour rendre cette intervention la plus appropri�e possible � la culture am�rindienne.

Les auteurs de ce texte tiennent � remercier Isabelle Daigneault, Serge Lariv�e, Jocelyn Morin, Julien Morizot, Lize Jalbert, Andr�e Duval, Catherine Coley et un �valuateur anonyme pour leurs pr�cieux commentaires sur diff�rentes versions de ce manuscrit, Jean Phaneuf pour les suggestions et le temps accord�, Isabelle Madore et Michel Janosz pour leurs encouragements et l'ensemble des peuples des Premi�res Nations pour avoir laiss� certains occidentaux apprendre � mieux les conna�tre et nous transmettre cet apprentissage.

Adresse de correspondance: Alexandre Morin, D�partement de psychologie, Universit� de Sherbrooke, Sherbrooke, Qu�bec, Canada J1K 2R1 (courriel: alexandre.morin@usherbrooke.ca).

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(1) Pour plus de d�tails sur la pr�paration d'un enfant qui doit t�moigner en cours, nous r�f�rons le lecteur aux textes de Cohen et Mannarino (1993), de Dawson (1984), de Jones (1986) et de Wolfe (1990). Bri�vement, ces suggestions se r�sument comme suit: (a) le t�moignage vid�o; (b) la salle de Cour miniature, reli�e � l'aide d'un circuit t�l�vis� � la salle principale; (c) l'enseignement du protocole � respecter lors d'un proc�s; (d) la gestion du stress; (e) la pratique, par jeux de r�les.

(2) Nous parlons ici d'une <<macro-culture>> am�rindienne. Comme cette macro-culture est elle-m�me le r�sultat d'un amalgame de plusieurs micro-cultures diff�rentes et que chaque peuple am�rindien est diff�rent des autres, il est important d'�viter les g�n�ralisations � outrance et de porter attention au caract�re unique � chacune de ces cultures (Kirmayer et al., 2000).

(3) Nous r�f�rons le lecteur int�ress� � en savoir plus au sujet de la culture et de l'histoire am�rindienne � l'oeuvre compl�te de l'�crivain, historien et romancier am�rindien Bernard Assiniwi (voir � ce sujet les sites Internet suivants: http://www.sdm.qc.ca/txtdoc/tbhassin.html; http://pages.infinit.net/assiniwi/intro_fr.htm) et au site Internet du groupe Cleary (http://www.autochtones.com/).

(4) Si peu de mod�les d'intervention formels ont �t� d�velopp�s pour les enfants am�rindiens victimes d'agression sexuelles, nous recommandons toutefois au lecteur int�ress� de consulter les quelques �tudes de cas ayant d�j� �t� publi�es � ce sujet, pour une illustration plus compl�te du processus d'int�gration culturelle qui sera pr�sent� dans la section qui suit (Hodgson, 1990; Hyde, 1990; L�pine, 1990; McEvoy, 1990; Topper, 1992; Willis et al., 1992).

(5) Pour une description d�taill�e de l'utilisation possible des l�gendes am�rindiennes dans un contexte th�rapeutique, nous r�f�rons le lecteur au texte de Dion Buffalo (1990). Le lecteur int�ress� � en savoir plus sur la puissance du langage comme outil th�rapeutique et sur l'efficacit� des m�taphores comme moyen de communication directe avec l'h�misph�re droit du client pourra consulter l'ouvrage de Watzlawick (1980) � ce sujet.

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